Auteur Écrits Livres Histoire de deux nationalismes au Canada


Séguin : un écrivain incontournable

Un des grands penseurs du Québec, l'historien Maurice Séguin, qui a formé des milliers d'étudiants à l'Université de Montréal, a pu influencer de façon profonde l'évolution de la conscience québécoise, sans que l'ensemble de son enseignement n'ait été consigné par écrit. Maurice Séguin avait déjà publié des livres importants, (L'idée d'indépendance au Québec, Genèse et historique), mais l'essentiel résidait dans ses notes de cours et dans la mémoire de ses étudiants.

Appelée à disparaître après sa mort, cette pensée resurgit à nouveau grâce à l'engagement de l'éditeur Guérin qui a entrepris de publier ces précieuses notes de cours de même qu'à rééditer l'ensemble de son œuvre.

Pour Séguin, l'histoire du Québec n'est pas l'histoire d'un territoire mais celle de deux nations sur un même territoire. Pour lieu le Canada anglais se construit par l'émiettement et l'absorption d'un Canada français qui se défend à tous les moments de son histoire. Il introduit la notion de nation annexée et montre comment depuis 1760, c'est l'affrontement de ces deux nations qui crée les événements significatifs du déroulement historique.

Le deuxième moment charnière pour lui, correspond à 1840, l'union forcée des deux Canadas. Le Canada français, depuis lors, se dissout peu à peu dans le One Canada. Séguin appelle cela la deuxième capitulation. La première, celle de 1760, nous avait inféodés à une puissance métropolitaine. La deuxième, celle de 1840, nous annexe au Canada britannique devenu en 1867 celui d'une majorité étrangère à ce que nous sommes. Majorité anglaise définitive ! Ce que la politique de Londres cherchait à faire depuis à peu près cent ans.

Histoire de deux nationalismes [au Canada], est donc un livre capital ! Éclairant, quoique austère. Mais ce n'est pas un livre pour les désœuvrés, uniquement pour les chercheurs de vérité. Ceux-là y trouveront leur compte.

Par
René Boulanger


SOURCE :  L‘Aut' Journal, 15 déc.-1er fév. 1998, no 165, p. 18.

Page d'accueil    Commentaires  Haut  Page suivante