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Lionel Groulx

Trois étapes dans la pensée politique de l'historien

Conversant à bâton rompu, M. Maurice Séguin, professeur titulaire à la Chaire d'Histoire du Canada de l'Université de Montréal, trace un bref schéma de la pensée politique du chanoine Lionel Groulx. Trois grandes étapes ont marqué son cheminement.

ENTRE 1915 ET 1917

Groulx était le disciple de Henri Bourassa, il voit le Canada comme un grand pays et une grande patrie dont fait partie la petite patrie du Québec. Il s'inquiète du sort des minorités françaises en dehors de la province et blâme le gouvernement central de son inaction dans ce domaine. La Confédération est saine, parce qu'il y a un bon partage des pouvoirs entre Ottawa et les provinces, lesquelles doivent suivre le mouvement donné par la Nation canadienne.

DE 1917 À 1922

Groulx est séparatiste. Les lendemains de guerre, le principe des Nationalités, l'accession à l'indépendance des nouveaux pays, motivent son évolution. Il prévoit l'éclatement du Canada anglais et ne veut pas que le Québec vive à l'ombre de ce mur lézardé. Le Québec a une vocation spéciale, et la province a besoin de maîtriser sa destinée.

À PARTIR DE 1930

l'historien accepte de nouveau le Canada et devient anti-séparatiste. Cependant, il se fait l'apôtre d'un État français du Québec à l'intérieur de la Confédération. Les Canadiens français sont majoritaires dans cette province, ils y ont droit à cet État français. Par ailleurs, ce n'est pas la faute des institutions mais celle des hommes si le Québec ne parvient pas à atteindre ses objectifs. Un peu plus tard, Groulx ajoutera une nuance : si d'autres provinces réussissent, comme le Québec, à constituer un État fort, alors le Canada sera remis en question.

On peut dire que la pensée politique de Lionel Groulx s'est « fixée » au cours des années 30-40. Des hommes politiques comme Duplessis, Lesage et Johnson n'ont fait que s'en tenir aux grandes lignes de Groulx « Troisième étape ». Seul le vocabulaire a changé.

Les commentaires qu'a fait, un mois avant sa mort, le chanoine Groulx sur la Révolution tranquille [...] démontrent bien qu'il mettait beaucoup plus l'accent sur la force morale des individus que sur les clauses de la Constitution. Cette attitude caractérise au premier chef toute l'œuvre de l'historien [1].


SOURCE :  [GIROUX, Maurice], « Trois étapes dans la pensée politique de l'historien [Lionel Groulx] », La Presse, 27 mai 1967, p. 5. Propos recueillis auprès de Maurice Séguin à la suite du décès du chanoine Lionel Groulx survenu, mardi, le 23 mai 1967.

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