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Deux intervalles du parti libéral

Au cours des années 1985 à 1994, on a brassé beaucoup de papier au ministère de l'Éducation. On a révisé, par exemple, deux fois le même programme des sciences humaines au primaire et on s'amusait à changer des virgules dans les programmes de sciences humaines au secondaire (géographie et histoire). Durant toute cette période d'arguties, les moyens ne s'amélioraient ni pour les professeurs ni pour le temps consacré à l'histoire. Le Ministère s'affairait à réviser la Loi sur l'Instruction publique. Effectivement, cette loi fut adoptée par l'Assemblée nationale en 1988. Cette contribution de Claude Ryan à la transformation de l'organisation scolaire au Québec laissait toutefois beaucoup de ficelles suspendues dans l'air. Ainsi, la saga constitutionnelle ne pouvait que continuer de plus belle.

Une critique radicale de ce discours (autant libéral que péquiste maintenant) doit voir le jour si l'on ne veut pas que l'éducation devienne la « chose » des ministres de l'Éducation

Étant donné que les gouvernements péquistes et libéraux s'entrecroisent, les deux périodes des gouvernements de Bourassa apparaissent comme des intervalles. Afin de mieux comprendre l'évolution des gouvernements de Bourassa, décrivons sommairement la position du Parti Libéral du Québec.

En premier lieu, signalons que le gouvernement libéral de Robert Bourassa peut être divisé en deux étapes : la première commence en 1970 et se termine avec l'arrivée des péquistes au pouvoir en novembre 1976 (soit celui de la jeunesse de Bourassa, de la Crise d'octobre et de la loi linguistique libérale pour la protection du français) ; la seconde, après l'échec de Claude Ryan à la tête du parti libéral, couvre à une année près la décennie 1985 à 1995. Au cours du premier gouvernement Bourassa, sous la gouverne des ministres Guy Saint-Pierre, François Cloutier et du bref passage de Jérôme Choquette, les actions du ministère de l'Éducation ont été - à mon avis - moins doctrinaires et plus accordées aux besoins de transformation graduelle du système scolaire ; au cours de la seconde étape, sous la gouverne de Claude Ryan et de Lucienne Robillard, le Ministère s'est donné des airs de grandes réformes comme à l'époque de Jacques-Yvan Morin. Les attitudes du parti libéral sont devenues plus doctrinaires : le désir de résoudre à tout prix des problèmes importants a souvent occulté les difficultés et les obstacles fondamentaux qui se trouvaient sous-jacents. Il ne suffit que de se rappeler, par exemple, le dossier des commissions scolaires linguistiques ou la question de la réforme de l'école (cf. le document Faire avancer l'école, MEQ, 1993).

Pendant le second intervalle, le ministère de l'Éducation se bureaucratise encore plus. Beaucoup de paperasse, beaucoup de communiqués de presse, beaucoup de relations publiques et de plus en plus de discours de ministres visant à mouler l'opinion publique sur leurs propres désirs qu'ils présentent pompeusement sous le couvert pédagogique des « objectifs en éducation ». Quelle belle cause à défendre devant la sacro-sainte opinion publique ! Or, une critique radicale de ce discours (autant libéral que péquiste maintenant) doit voir le jour si l'on ne veut pas que l'éducation devienne la « chose » des ministres de l'Éducation. Pour en arriver là, le Québec a bien copier les autres pays. Nous le savons, les résultats de telles opérations de marketing sont néfastes partout dans le monde. La France n'est certainement pas le meilleur exemple à suivre ! Par ailleurs, les meilleurs rapports de l'UNESCO ne sont pas toujours ceux qu'on publicise le plus dans les pays industrialisés.


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