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Deux nouveaux ministres promettent une réforme !

Après tous ces efforts (!), nous nous retrouvons, en 1995, avec un autre ministre de l'Éducation, Jean Garon. Ce dernier est rempli de bonnes intentions et il n'écoute que son cœur battre. Il voudrait que le Québec batte à son rythme. En cours de route, il découvre avec ses amis l'urgence d'améliorer le statut de l'enseignement de l'histoire. Il crée un Groupe de travail sur l'enseignement de l'histoire fomenté par une « vaste coalition contre nos trous de mémoires » [11]. Devant tant de tapage (?), même Daniel Latouche croit bon ajouter son « Je me souviens.» [12] Tout le concert des éditorialistes et des journalistes du Québec opinent du bonnet ; ils applaudissent béatement le rapport Lacoursière. Enfin on voit la lumière ! Un historien, parmi ses pairs ou ses amis, s'est exprimé clairement. Il faut refaire les programmes et refaire l'histoire : pas moins, pas plus ! Malgré le fait que le programme des sciences humaines au primaire soit obligatoire, le Groupe de travail note :

... [À] la lumière des mémoires reçus et des témoignages entendus, il est apparu aux membres du Groupe de travail que le problème central de l'enseignement de l'histoire au primaire vient de ce que le programme de sciences humaines n'est pas enseigné, du moins pas comme il se devrait. [...] On [le Groupe de travail] note, de plus, que 6,13 p. cent [des enseignants] n'avaient pas enseigné les sciences humaines - enseignement pourtant obligatoire - au cours de la période d'observation. (p. 38. Les mots mis en gras sont de nous.) »

Pourquoi des maîtres du primaire n'enseignent-ils pas le programme obligatoire des sciences humaines ?

Le Groupe de travail exprime la même plainte pour le secondaire. « L'un des problèmes que connaît l'enseignement de l'histoire au secondaire, et peut-être le plus important de tous, c'est le peu de temps qui lui est accordé (p. 43. Les mots mis en gras sont de nous.). » En substance, la réponse est venue de l'historien Marcel Trudel à l'émission de TV Maisonneuve à l'écoute : « Ce ne sont pas deux heures obligatoires à l'enseignement de l'histoire qui va faire la différence, mais l'enthousiasme des professeurs d'histoire. » Quelle est la situation actuellement ? Pourquoi des maîtres du primaire n'enseignent-ils pas le programme obligatoire des sciences humaines ?

Jean Garon est congédié par le nouveau premier ministre, Lucien Bouchard, et son successeur, Pauline Marois, vient le remplacer au gouvernail (!) de l'éducation. Cette dernière croit sincèrement, à son tour, pouvoir faire sa « petite révolution de programmes » (on dit aujourd'hui du curriculum!). Ces deux ministres, comme bien d'autres avant eux, d'ici et d'ailleurs, ont pris leurs rêves pour des réalités. Pouvez-vous imaginer ce que cela peut vouloir dire que de « réformer » 60 000 enseignantes et enseignants en douze mois! Un peu de modestie ne nuirait certainement pas aux grandes réformes (?) en éducation. Tous ces gens sont par trop téméraires! Rappelons-nous le désastre des grandes intentions du ministère de l'Éducation à l'époque du « renouveau pédagogique » de Jacques-Yvan Morin avec les André Rousseau, les Kathleen Francoeur-Hendriks, les Roger Thériault, les Paul Vachon, les Germain Halley et les Jacques Girard, tous des hauts fonctionnaires de notre si noble fonction publique québécoise.

Par ses désirs prométhéens, la ministre Pauline Marois rejoint à son tour les projets antérieurs par sa naïveté, son improvisation, son penchant à vouloir abattre la forêt en même temps que d'accomplir son reboisement rapide et, finalement, son caractère autoritaire sous des allures de pseudo-démocrate. Car il y a l'alibi des États généraux sur l'éducation qui peut servir de caution morale au ministère de l'Éducation. Les États généraux ont parcouru le Québec en grande chevauchée et déposé leur rapport. Sans perdre de temps, la Ministre a publié son plan pour Prendre le virage du succès. Plan d'action ministériel pour la réforme de l'éducation (1997). Et vlan ! Ce document présente une kyrielle de dates-butoirs dont il est impossible de vérifier la pertinence. Bref, il s'agit d'un plan d'action qui se présente comme le nouvel évangile de l'organisation scolaire.


  1. Le Devoir, 30 mai 1996, p. A10. [ retour }
  2. Le Devoir, 8 juin 1996, p. A10. Le préambule de l'article en dit long : « Une coalition dirigée par Jean-Claude Germain vient de lancer [comme si c'était la première fois !] un cri d'alarme [pas moins que ça !] : Les Québécois sont en bonne voie de devenir les cancres du monde occidental [et pourquoi pas du monde !] en ce qui a trait à l'apprentissage de l'histoire. » Jugement sans équivoque et sans nuances. [ Retour ]

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