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La nation québécoise

Québécoise, Québécoise française ou Canadienne Française ?

Trois intellectuels s'expriment :

Le journal Le Devoir nous a livré le 24 et 25 avril 1999 deux textes sur la « nation québécoise » et l'identité québécoise. Le lendemain, nous avons eu droit à un texte publié en deux parties de Michel Seymour.

Identité québécoise : Un débat mal engagé et inopportun
Le Devoir, samedi, 24 avril 1999, p. A11
Monsieur Jean-Marc Léger, ex-journaliste, haut fonctionnaire et diplomate canadien.

Refaire la nation et l'histoire
Le Devoir, samedi, 24 avril 1999, p. D7. — Compte rendu
Louis Cornellier, critique au Devoir et professeur au collégial, rédige le compte rendu du dernier livre de monsieur Gérard Bouchard, sociologue et historien, professeur à l'UQAC et défenseur d'une relecture de l'histoire du Québec.

« Débat sur l'identité québécoise »
Le Devoir, 26 et 27 avril 1999, p. A7
Michel Seymour, professeur et philosophe à l'Université de Montréal. Le point de vue de Michel Seymour, quoique différent, s'attache à la question de la caractérisation du nationalisme québécois par le Canada-Anglais comme étant un nationalisme fondé sur l'ethnicité. Seymour veut « combattre » cette idée erronée. Auteur de La nation en question (éditions de l'Hexagone, 1999)

  • Un nationalisme non fondé sur l'ethnicitéOn cherche à caricaturer la nation québécoise comme un regroupement ethnique pour invalider le nationalisme québécois et laisser entendre qu'il est fondé sur l'exclusion. Michel Seymour
  • Citoyenneté juridique et politiquePour appartenir à la nation québécoise, il faut plus que simplement s'établir au Québec, mais il ne faut peut-être pas plus qu'une participation citoyenne active.

Le sujet est vraiment à la mode !

Le Rond-Point explique :

L'intérêt de ces trois articles consiste à mettre en lumière quelques conceptions de l'histoire du Québec et de la société québécoise actuelle. À l'évidence, il faut bien admettre que les points de vue sont très différents. Il faudrait les lire attentivement et les évaluer à la lumière de l'évolution historique des deux Canadas et de l'histoire du Québec de ses origines à nos jours. Ce qui signifie, en pratique, une obligation méthodologique de la part du lecteur à « penser en présence des faits ».

« Sans des vérifications et des tests appropriés, écrit W. C. Schluter, l' « usage de l'imagination » peut devenir désespérément détaché du problème et des faits et peut conduire ainsi à des illusions personnelles ou à des « projets chimériques. » (Cité par Deshaies dans Méthodologie de la recherche en sciences humaines, Laval, Beauchemin, 1992, p. 339-340.)

À notre avis, il serait grand temps de quitter nos positions idéologiques pour voir l'avenir du Québec à partir d'une évaluation rigoureuse de la situation. Comme le pensait si justement Maurice Séguin, l'action doit être soumise au respect de la vérité. Voici ce qu'il proposait comme attitude intellectuelle dans Les Normes :

  • (Ce qu'on croit être...) La vérité doit être respectée en elle-même et pour elle-même.
  • Au point de vue scientifique donc pour un universitaire , il est indigne de tout envisager sous l'angle de l'utilité et d'écarter du champs des recherches, des données parce que celles-ci ne sauraient pas servir directement l'action.
  • Une vérité même inutile ou même une vérité nettement dangereuse et démoralisante ne perd aucun de ses droits.
  • La connaissance du positif et du négatif, de l'actif et du passif, demeure nécessaire à la compréhension de l'exacte réalité passée et actuelle.
  • Pour un intellectuel, il est ridicule de refuser telle analyse, telle conclusion parce qu'elles sont « pessimistes ».
  • Il n'y a qu'une seule fin de non recevoir justifiable : ne pas accepter telle donnée parce que celle-ci n'apparaît pas évidente, conforme au réel. (Voir Les Normes, 0,6,6.)

Ces règles de conduite en vue de l'action ne peuvent que rendre plus réalistes les choix à faire en fonction des objectifs à court, moyen ou long terme.

Le sort de l'âne de Buridan

Le domaine de l'action, c'est-à-dire celui des moyens à prendre pour atteindre les objectifs retenus, n'apparaît pas aussi simple qu'on peut souvent l'imaginer. Si les Canadiens-Français ou les Québécois français ne veulent pas connaître le sort de l'âne de Buridan, il serait urgent de dépasser tous les discours idéologiques et les stratégies simplistes inspirées des conditions gagnantes pour entreprendre enfin l'éducation politique des Québécois et des Québécoises. Car il n'y a pas de politique fondamentale sans éducation politique (au sens très large du terme). N'est-ce pas ce que fait le gouvernement canadien et Sheila Copps depuis plusieurs années ? Présentement, le Québec est loin de cet objectif. À la place, ses intellectuels pataugent dans des spéculations sur la modernité, l'identité, l'américanité, l'ethnicité, la citoyenneté, la société civique et, bien sûr, l'autre expression à la mode : « l'État de droit » (si chère, on l'aura bien compris, à Stéphane Dion), comme si le Québec vivait sans lois et à l'heure de gouvernements despotes ! Un franc succès de la propagande fédéraliste. À l'encontre de la tendance de l'intelligentsia québécoise, Jean-Marc Léger peut paraître discordant, conservateur ou passéiste mais son point de vue, à notre avis, est plus réaliste.

À chacun maintenant de se faire une idée !

Bruno Deshaies,
Directeur
Le Rond-Point des sciences humaines
Québec, 1 mai 1999

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