Auteur Écrits Comptes rendus Yvan Lamonde CONTRE Michel Brunet


Yvan Lamonde CONTRE Michel Brunet


Pour mieux comprendre les débats actuels sur l'histoire intellectuelle des Canadiens-Français, l'internaute pourrait mettre en perspective les points de vue, entre autres, de Michel Brunet (1957) et d'Yvan Lamonde (1996). Quarante-six ans plus tard, toujours le même combat et toujours le même contexte. Finalement, en 2004, deux cent quarante-quatre ans après 1760, c'est le « même contexte » : des Québécois-Français -- selon le diagnostic de Maurice Séguin -- « toujours au lendemain de 1760 »; « toujours deux Canadas qui ne peuvent se fusionner »; « les mêmes relations commandent leur coexistence; parmi les Canadiens français : les croulants(de 15 à 90 ans) acceptent... les jeunes de (15 à 90 ans) se révoltent ». (Cf. Les Normes, 9,0 Épilogue.)

Bruno Deshaies, 3 février 1998/30 décembre 2003.


CONSULTER :

MICHEL, Brunet, " Trois dominantes de la pensée canadienne-française : l'agriculturisme, l'anti-étatisme et le messianisme ", in La présence anglaise et les Canadiens, Montréal, Beauchemin, 1958, p. 113-166. Essai d'histoire intellectuelle publié dans Écrits du Canada français, III, Montréal, 1957, p. 33-117.

Il s'agit d'une étude fouillée qui est accompagnée de 76 notes de bas de page dont plusieurs constituent de véritables mises au point historiographiques qui nous rappellent la collection CLIO ou " Introduction aux études historiques " publiée par les Presses universitaires de France.

LAMONDE, Yvan. Ni avec eux ni sans eux. Le Québec et les États-Unis, Québec, Nuit Blanche Éditeur, 1996, 125 p., (coll. " Terre américaine").

Le paradigme défendu dans cette thèse est celui de l'américanité, nouveau dogme de la recherche historique au Canada-Français. " On ne parle plus de "LA Conquête" comme on le faisait dans les années 1950. [...] [À] telle enseigne qu'on peut avancer que l'opinion publique naît avec et grâce à ces lieux de débats et de communication post-Conquête [soit le parlementarisme, l'imprimerie et la presse] (p.8). " Belle façon d'éradiquer le phénomène de la conquête en nous rappelant la variété des influences sur la société québécoise " à telle enseigne que cette culture à la croisée des cultures est on ne peut mieux placée pour formuler les composantes d'une "culture publique commune" [...] (p. 9). "

CITATIONS :

  • Michel Brunet

    Les Canadiens n'ont pas toujours eu peur de leur État. Quand ils formaient une société normale, ils n'ignoraient pas l'importance de son rôle dans un pays neuf du Nouveau-Monde (p. 147). Les Canadiens français avaient obtenu, en 1867, un État provincial qu'ils auraient pu mettre à leur service. Ils ne s'en servirent que très peu. Ils se sont convaincus qu'ils n'en avaient pas besoin. Ils avaient appris à se contenter des cadres incomplets qu'ils avaient eus de 1760 à 1867 : la paroisse, l'école, le collège, le diocèse. [...] L'inaction de l'État provincial donna satisfaction au plus grand nombre (p. 158-159).

  • Yvan Lamonde

    La conquête militaire est une chose ; la conquête — sans cesse difficile et limitée — des libertés en est une autre (p. 8). Ma propre expérience des États-Unis et des Amériques n'a d'intérêt que si elle fait réfléchir à l'exemplarité possible des cheminements. On s'interrogera donc sur la profondeur et les limites de son propre apprentissage de l'américanité, on verra comment la nature, l'espace, le voyage, la langue, les lectures, l'appartenance sexuelle ou générationnelle ont contribué à construire pour chacun et chacune une américanité tangible. L'exercice n'est pas sans intérêt lorsqu'on sait que cette américanité vécue au quotidien depuis des décennies n'est pas verbalisée, thématisée, explicitée (p. 93).


  • Page d'accueil    Commentaires  Haut