Louis LAPOINTE, dans WWW.VIGILE.NET, vendredi, 12 juin 2009.


« J’étais présent à ce fameux colloque de l’IPSO, et avant d’écouter bien attentivement ce que Jacques Parizeau avait à nous dire, j’avais entendu les messages de Louis Bernard, Robert Laplante, Pierre Graveline, Anne Légaré et Bruno Deshaies. C’est probablement de leurs propos dont s’est inspiré Jacques Parizeau lorsqu’il a fait son discours, lorsqu’il nous a dit sur le ton de la confidence qu’il préférait l’élection référendaire au référendum, mais qu’il s’était plié à la volonté démocratique des membres du Parti Québécois à ce sujet. »

REMARQUE PRÉLIMINAIRE

Nous résumons de mémoire le point de vue que nous avons exprimé à l’occasion d’une intervention comme participant au Colloque des IPSO (les intellectuels pour la souveraineté) tenu à Montréal, samedi, le 6 juin 2009, sous le thème : « Pour que la prochaine fois soit la bonne ! »

Parce que monsieur Louis Lapointe m’a fait le plaisir de citer ma participation au colloque et signaler son effet sur les participants, je voudrais présenter ici un résumé un peu plus étoffé de mon intervention.

– Point de vue exprimé par Bruno Deshaies
La question de l’indépendance politique relève de la Realpolitik. Il s’agit d’un rapport de force entre deux collectivités nationales. Et ce qui va se passer se déroulera inévitablement dans le TEMPS. Par conséquent, il faut reconnaître notre passé, agir dans le présent et anticipé l’avenir.
Quant à notre passé, il faut bien admettre que la société québécoise existe. Cette société vit, agit et s’affirme. Cependant, il lui manque une logique fondée sur un cadre conceptuel de l’indépendance du Québec. Et, stratégiquement, nous sautons toujours cette étape importante.

C’est un énième abrégé de notre pensée politique que j’ai entendu ce matin et que nous lisons régulièrement sur le site Internet de VIGILE. Nous possédons là une bibliothèque virtuelle monumentale de ce que nous sommes en tant que souverainistes. On ne saurait dire à quel point ce site peut être instructif pour tous et toutes les indépendantistes. On y voit que la société québécoise a ses forces et ses faiblesses ; elle est divisée ; elle est mêlée ; pourtant, elle excelle dans certains domaines de la culture et de l’économie. Elle n’en demeure pas moins fragile. Il y a toutes nos forces et nos faiblesses comme société : les souverainistes lucides contre les « purs et durs » ; les fédéralistes autonomistes contre les fédéralistes souverainistes, tout comme les confédéralistes qui sont pour et contre, les souverainistes partisans qui ne discutent que de stratégies, etc. Malgré nos bonnes intentions, il faudrait reconnaître que le combat pour l’indépendance ne sera pas une sinécure.
J’ai bien aimé les exposés de Robert Laplante et de Louis Bernard. Dans les deux cas, l’affirmation nationale est sans équivoque. Notre problème tient principalement au fait qu’on se refuse de créer un centre de l’indépendance du Québec qui aurait pignon sur rue quelque part et qui serait doté d’un minimum de moyens d’action. Il faut fédérer les énergies indépendantistes et cessez de se compartimenter entre nous. Cette étape précède les stratégies ouvertes ou de la tribune pour lesquelles nous abusons trop joyeusement.
Si l’indépendance est une fin, il ne faudrait pas se surprendre de la réaction de l’Autre, c’est-à-dire du Canada-Anglais, même s’il est dirigé par un Canadien français ou un Québécois.

Nous avons un travail de persuasion à réaliser. Malheureusement, force est de constater que nous sommes en état de destruction. Il importe de faire l’union des forces des Québécois-Français comme majorité au Québec. Il faut réunir les énergies par-delà les partis politiques.
Le combat ne sera pas facile. Il supposera un affrontement. L’Autre aura son mot à dire. Il semble que les souverainistes n’ont pas encore compris que les Canadians peuvent réagir et que, de toute façon, ils agissent de façon permanente sur le dossier du Québec. Et peu importe, ils interviennent à leur gré et selon les standards établis depuis longtemps sur la base de l’« unité canadienne » from coast to coast. C’est ainsi que l’union politique a conduit à l’union économique, puis à l’union culturelle et en ce moment à l’union sociale et à l’intégration du Québec dans les forces armées canadiennes, entre autres, sans compter l’assurance-emploi, les pensions de la sécurité de la vieillesse, les allocations familiales, etc.

15 juin 2009

P.-S. Il serait intéressant de prendre le temps de réfléchir sur le thème qui suit : « La CRISE: une gigantesque improvisation ».