Rond-Point Didactique Les sciences humaines au primaire : 1970-1980 Que fallait-il faire ?


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Les sciences humaines au primaire : 1970-1980

Le travail préliminaire

Dans cette foulée, j'aimerais dire publiquement mon admiration envers Georges Larouche, géographe et ancien professeur de didactique à l'École normale Laval, qui a su lire avec attention et intelligence les programmes existants d'alors et me faire un portrait clair et net de la situation (cf. Tableau 1). Non seulement ce collègue et ami a su faire un bilan, mais il a aussi su reconnaître les points forts et vala-bles contenus dans les anciens programmes. L'un de ces points forts concernait les notions d'hier, d'aujourd'hui et d'ailleurs associées aux concepts d'espace et de temps. Comme on sait, la directive du ministère de l'Éducation de 1971 avait établi des balises assez nettes destinées à marquer la différence entre les « anciens » programmes et l'Orientation nouvelle des sciences humaines au primaire. En effet, on peut lire dans la directive publiée par la Direction générale de l'enseignement élémentaire et secondaire de 1971 ce qui suit:

«Il s'agit bien de l'acquisition et de développement du sens spatio-temporel, non de l'étude de la géographie et de l'histoire comme sciences. Au sens spatial et temporel développé par le truchement des activités d'éveil se greffent du même coup d'autres notions importantes, telles le nombre, la distance, la durée, la quantité et la causalité historique.» (Cahier No 1, p. 6.)

Les sciences humaines seraient dorénavant étudiées à travers des activités d'éveil qui devraient favoriser « le sens du relationnel. » La directive était très clair à cet égard.

«Les activités d'éveil sont disposées pour que le sens du relationnel se développe à l'insu même de l'enfant. Pour le maître, il s'agit d'insister autant sur les relations que sur les objets d'étude eux-mêmes.» (Cahier No 1, p. 6-7.)

Or, c'est sur ces temps forts que nous avons lancé l'opération d'analyse et de consultation de l'orientation nouvelle des sciences humaines.

  1. Opération d'analyse et de consultation
  2. Afin de réaliser cet objectif, un comité consultatif des sciences humaines au primaire a été constitué au printemps 1970. Les enseignantes et les enseignants des écoles francophones et anglophones y étaient représentés ainsi que des professeurs de didactique de nos universités. Il y eut même un représentant du Conseil du Patronat, monsieur Charland, qui était alors journaliste à la revue Les Affaires. (Dans le cadre général des sciences humaines, le volet économique nous préoccupait.) Ce comité a donc donné l'occasion aux enseignants et enseignantes du primaire de s'exprimer et de faire valoir leurs points de vue. Si mon souvenir est bon, la première réunion s'est tenue à la Cité des Jeunes à Vaudreuil. On nous avait dit qu'il y avait une très bonne option professionnelle en cuisine à cette école! (Pourquoi ne pas joindre l'utile à l'agréable!) À ce moment-là, une des « agents de développement pédagogique » au secondaire venait de cette commission scolaire.

    Le principal de cette première réunion a porté sur l'orien-tation qu'il serait souhaitable de donner aux programmes existants. À l'occasion de cette réunion, les éléments fondamentaux de réforme ont été acceptés, mais il restait encore beaucoup de chemin à accomplir. Ces éléments fondamentaux concernaient principalement le sens du relationnel, des rapports saptio-temporels des activités humaines et des notions d'hier, d'aujourd'hui, de demain et d'ailleurs.

  3. Un bon et beau moment à passer
  4. Le dialogue entre les francophones et les anglophones a été soutenu et la langue de communication fut constamment le français. Les efforts de compréhension que les uns et les autres durent faire furent considérables. Mais il m'a semblé que, pour un moment, en dépit de la crise d'octobre de 1970, il était possible de concevoir le Québec dans une perspective plus large que l'immédiat prévisible. N'est pas ce que pouvait nous offrir, à ce moment-là, le monde de l'éducation et de l'enseignement? Du moins, c'est ce désir qui m'animait. Il semble avoir été possible de le communiquer à d'autres Québécois et Québécoises indistinctement ou indifféremment des origines linguistiques et religieuses. De mon point de vue personnel, ce fut un bon et beau moment à passer.


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