Previous PageTable Of ContentsNext Page

Conclusion

Ce premier discours des finances de la province de Québec constitue un tour d'horizon de la situation financière, politique, agricole, culturelle et sociale de la province. C'est un bilan honnête et objectif de toute la première session : il en est comme le résumé. Il ressort de l'analyse de ce discours quatre thèmes majeurs :

1. Le premier concerne le fonctionnement du système fédéral et son pendant avec le « double mandat » des députations fédérales et provinciales.

2. Le deuxième regarde uniquement la province de Québec. Il s'agit de mettre en place les premiers rouages de toute la machine administrative provinciale pour en faire un véritable instrument au service de l'État et de la société.

3. Le troisième concerne la politique provinciale. Celui-ci est le plus important parce qu'il est au confluent de tous les autres problèmes. C'est la politique du gouvernement au pouvoir qui est mise en cause. L'objectif central de toute sa politique vise à enrayer l'émigration massive vers les États-Unis.

4. Le quatrième a trait à l'énorme dette de l'Union qui pèse sur le premier gouvernement du Québec. Cette situation de fait conditionne fortement la marge de manoeuvre du gouvernement provincial et le presse au conservatisme.

Les conditions générales du premier Parlement provincial du Québec marquent le gouvernement de P.J.O. Chauveau au coin de la prudence, de la gestion minimaliste, de la crainte des effets de l'attraction américaine et de la nécessité d'accroître le peuplement. Les moyens à la disposition du gouvernement sont limités, voire même très inadéquats. Le carcan fédéraliste réduit la politique provinciale à l'intérieure de barrières constitutionnelles qui ne lui permettent pas d'agir efficacement sur les questions d'émigration canadienne-française et de développement économique. En outre, les gouvernements provinciaux ne désiraient pas vivre le cauchemar du déficit et de l'imposition de la taxe directe. Pour les premiers trésoriers du Québec, le problème de l'arbitrage de la dette accumulée sous l'Union sera une question préoccupante. Le gouvernement Chauveau n'hésita pas de veuillez aux grains. Pendant ce temps, il fera le mieux possible en gérant étroitement les revenus et les dépenses tout en évitant deux extrêmes : la prodigalité, d'un côté, et la parcimonie, de l'autre. Toutefois, le gouvernement espère encadrer les rouages de l'État de manière à ce qu'il soit le plus efficace. En ce sens, le premier ministre Chauveau a su établir les fondements de la défense des intérêts du Québec et de notre autonomie provinciale en dépit d'une surveillance étroite des politiciens fédéraux et du gouvernement fédéral.

Bruno Deshaies

Texte original : 1962.

Texte remanié et augmenté : 10 février 1998.

Previous PageTop Of PageTable Of ContentsNext Page