Rond-PointAccueilHistoireL'affrontement Lesage-Johnson (1962)


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JOHNSON – le gaz naturel

Merci, M. Charette. Voici un sujet explosif. Il s'est propagé toutes sortes d'accusations à ce sujet-là et je suis très heureux, quant à moi, d'avoir l'occasion de faire la lumière. D'abord, c'est à Huntingdon que le premier ministre actuel, jusqu'au 14 novembre, avait déclaré le 24 juillet 1958 : M. Lesage nous accusait d'avoir donné le réseau du Gaz naturel, d'en avoir fait un... fait cadeau des deux tiers à des capitalistes américains.

Cette grave accusation, il l'a colportée dans toute la province. Cette accusation était fausse, les faits sont là. Bien loin de donner le réseau, l'Union nationale l'a vendu, la peau et les os, pour le prix de $37 millions, soit deux fois et demie la valeur aux livres qui était de $17 millions. Nous avons débarrassé la province, en somme, d'un éléphant blanc. Et depuis qu'elle en a fait l'acquisition, la compagnie du gaz naturel a dû faire des dépenses de l'ordre de cinquante millions et, malgré deux augmentations de taux accordées par la Régie des services publics sous le régime libéral, malgré les objections de la cité de Montréal, eh bien ! Elle est en déficit de 17 millions de dollars. D'ailleurs, dans cette question du gaz naturel, M. Lesage, chef de parti politique, s'est fait l'accusateur, avant les élections de '60. Ensuite, devenu premier ministre et chef du cabinet, il a choisi lui-même les juges, il a lui-même, ou par son procureur général, choisi les avocats qui ont conduit à leur façon cette affaire d'enquête sur le gaz naturel, et j'aimerais ajouter ici que, malheureusement, -- et c'est à la page 102 du rapport du juge Salvas - malheureusement l'arrêté ministériel empêcherait le juge Salvas de faire éclater la vérité, c'est-à-dire : est-ce vrai, oui ou non, que c'était une bonne affaire pour la province d'avoir vendu le gaz naturel, puisque le juge Salvas dit, je crois que ça vaut la peine de le lire : M. le juge Salvas dit : " Pour éviter toute interprétation non justifiée du présent rapport, de quelque partie de ce rapport, les commissaires déclarent catégoriquement qu'ils n'expriment aucune opinion sur les questions suivantes, à savoir si la vente susdite du réseau de gaz était avantageuse ou non pour le public, si le prix de vente était un prix raisonnable, et enfin si, par expropriation ou autrement, ledit réseau devait revenir au domaine public ".

C'était une promesse, dans le programme libéral évidemment, il y a une promesse de le ramener au domaine public. L'enquête n'a pas porté sur ces questions parce que ces questions, elles, au pluriel, n'entraient pas dans les cadres de l'Arrêté en conseil numéro 1621.

M. Charette, Mesdames, Messieurs, voici qu'on nous accuse d'avoir fait une mauvaise transaction pour la province ; on nomme ces juges et ces avocats et ensuite on leur défend de considérer si oui ou non c'était une bonne transaction pour la province. Il s'agit, en somme, tout simplement, de salir des hommes publics, surtout les adversaires. Mesdames, Messieurs, M. Lesage a colporté des accusations fausses. Je n'ai pas, je n'ai jamais eu 150 unités de Gaz naturel. C'est une erreur du juge Salvas qui était tellement anxieux de salir un député de l'Union nationale, puisque j'étais député à ce moment-là, qu'il n'a pas pris la peine de vérifier les livres.

J'avais moins d'actions et je les ai achetées dans le cour normal des opérations, puisqu'il y a longtemps que je joue à la Bourse, j'en avais moins que le sénateur Poupart, j'en avais moins que l'honorable Philippe Brais, j'en avais moins que l'honorable que... que le fils de M. Briand, j'en avais moins que M. Ralph Campney, collègue de M. Lesage à Ottawa, j'en avais tellement et beaucoup moins que M. Antoine Geoffrion in Trust, pour qui, je ne le sais pas ; j'en avais presque, un petit peu plus que M. Gérin-Lajoie, j'en avais moins que Mme Marler, beaucoup moins que Mme Marler, et j'en avais tellement moins évidemment que certains autres hommes, j'en avais à peu près la même quantité que l'honorable Paul Martin, ministre à Ottawa.

Et quant à la Trans-Canada Pipeline, c'est le gouvernement libéral d'Ottawa qui a voté des fonds, et on sait avec quelles difficultés ; on a dû imposer le bâillon et, le premier ministre actuel de la province, jusqu'au 14 novembre, était à Ottawa et, le 1er juin, il a voté pour imposer le bâillon. On a donc voté des fonds des contribuables pour venir en aide à une compagnie entièrement, presque, non aux deux tiers dominé par des Américains, dans laquelle le même M. Thompson, il est partout, trésorier de la Fédération libérale, il était le grand promoteur puisqu'il était dans le temps avec Nesbitt Thompson de Trans-Canada Pipeline, pour permettre, dis-je, que des Américains prennent une ressource naturelle du Canada (puisqu'on est au point de vue fédéral, il faut y penser, le premier ministre était à ce moment-là, je crois bien, ministre du Grand Nord) pour que cette ressource naturelle-là, soit, reste sous le contrôle des Américains. Je dis que c'est là le grand scandale, le véritable scandale, et c'est ça que la population, d'ailleurs, en '57 et en '58, à travers le Canada, avait, comme on le sait, répudié de façon assez éclatante.

Donc, sur cette question du gaz naturel, je considère que le gouvernement n'a pas tenu sa promesse. Il avait promis de la reprendre. Pourquoi ne la reprend-il pas ? Parce que le premier ministre sait bien que le vice, dans toute cette affaire du gaz, de la compagnie du Gaz naturel, est le contrat entre Trans-Canada Pipeline et la Corporation de Gaz naturel. Je n'ai pas fini... Ça coûte trop cher et c'est pour ça que va mal, et c'est M. Pear... encore M. Thompson qui est intéressé.

Charette : Merci, M. Johnson. - M. Lesage, vous avez la parole.


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