Rond-PointAccueilHistoireL'affrontement Lesage-Johnson (1962)


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LESAGE – les programmes des deux partis

Nous avons, en 1960, présenté à l'électorat un programme complet de gouvernement. Ce programme, il a été préparé pendant deux ans, et cela d'une façon absolument démocratique. En effet, à partir du moment où j'ai été choisi chef du Parti libéral, le 31 mai 1958, j'ai entrepris une tournée de la province et je participais presque toujours à des assemblées régionales de notre Fédération libérale au cours desquelles nous étudiions, discutions du programme du parti, dans tous les champs de la juridiction provinciale. Et c'est de ces réunions au niveau des militants qu'est né le programme tel que présenté à population en 1960.

Le programme de l'Union nationale, celui qu'elle nous présente cette année, a été, au contraire, au lieu d'avoir été préparé par deux ans de réflexion et de discussions, a été préparé dans l'espace de deux heures, dans une chambre d'hôtel, à l'hôtel Belle Plage, à Matane, le 22 septembre dernier. Il ne constitue qu'un assemblage de promesses, la plupart du temps irréalisables, quelques-unes pour le moment, d'autres pour de longues années à venir ; et dans d'autres cas, comme dans le cas des pensions transférables, eh ! bien, ou encore de la gratuité scolaire jusqu'à la douzième année, c'est puisé dans notre propre programme de 1960 que... et dans les deux cas, dans le cas de la gratuité scolaire c'est déjà fait, et dans le cas des pensions transférables, au lieu de seulement en parler, nous avons agi, puisque nos experts ont étudié à fond la question depuis 1960, que j'ai inscrit moi-même l'item à la Confédération interprovinciale que je présidais à Victoria, au début d'août, et que depuis, nos représentants ont eu une conférence plénière avec les représentants de l'Ontario pour voir de quelle façon exactement on trouverait la dénominateur commun pour l'établissement de ces pensions transférables.

Mais, voyez-vous, il y a une chose de différente, entre le programme de l'Union nationale et le programme libéral. Le programme de l'Union nationale, préparé en vitesse, comme il l'a été, constitue une série de cataplasmes, alors que, dans le programme libéral de '60, l'on s'attaque véritablement à la racine de nos faiblesses sociales, culturelles et économiques.

Nous avions bien senti, vous savez, entre '58 et '60, qu'il y avait des signes d'un cancer dans le gouvernement du Québec, mais on ne guérit pas un cancer avec des aspirines ou avec des cataplasmes de l'Union nationale. On guérit un cancer en s'attaquant aux causes du mal. Et c'est cela que nous avons fait par notre programme, dont nous avons déjà accompli ou amorcé au-delà de 60%. D'abord il y a le rayonnement du Québec, oui , le rayonnement du Québec. Avant 1960, il arrivait que nous avions honte, presque, de nous proclamer des Québécois, tandis qu'aujourd'hui, où que nous allions, nous sommes fiers d'être des Québécois.

Et quant à moi, j'ai été fier partout où j'ai été dans le monde, de me proclamer le chef de l'État du Québec, de proclamer que le Québec, avec ses cinq millions de Canadiens de langue française, noyés dans une mer de 180 millions d'Anglo-saxons, en Amérique du Nord, devait être la mère patrie de tous les parlant français. Et maintenant nous sommes fiers de notre Québec. Nous l'avons lavé de la honte. Nous avons extirpé la fraude électorale. Nous avons maintenant l'honnêteté gouvernementale et le programme dans le domaine social, il est basé surtout sur la famille. L'arbitraire a fait place à l'égalité des droits. Et tout cela est basé sur les charges de la famille. C'est ça qui est important. La famille a été pour nous la cellule qui a permis notre survivance. Il faut qu'elle soit celle qui permette notre progrès social. C'est l'assurance-hospitalisation, ce sont les bénéfices de sécurité sociale augmentés.

Et dans le domaine économique, eh ! bien il nous faut prendre notre place. Création d'un ministère des Richesses naturelles, création d'un Conseil d'orientation économique, avec tous les avis que nous avons reçus de ce conseil et qui nous ont été tellement utiles dans tous les domaines : celui de l'emploi, celui des travaux d'hiver, celui encore de la sidérurgie - nous avons reçu le rapport - celui de la planification démocratique de notre économie, celui de la nationalisation de l'électricité ; et cela, sans compter le travail merveilleux accompli par le Conseil d'Orientation économique et ses comités, en vue de la création de la Société générale de financement qui, enfin, va permettre aux nôtres, quels que soient leurs moyens, de placer, d'investir leurs économies, même les plus petites, dans l'expansion économique du Québec, dans la transformation chez nous de nos richesses naturelles, et dans l'établissement d'industries secondaires qui constituent la source la plus fiable d'emploi.

Oui, en effet, ce qu'il faut retenir, c'est que notre programme était sérieusement pensé ; celui de l'Union nationale ne l'a pas été. Notre programme s'attaque aux racines de nos faiblesses ; celui de l'Union nationale ne constitue que des cataplasmes.

Charette : Merci, M. Lesage. C'est maintenant votre tour.


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