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Les bourses du millénaire et
la constitution canadienne




La réponse du Québec

« Le Québec ne souhaite pas la chicane et ne la veut pas », a insisté M. Brassard, en matinée [le 25 février 1998]. « Ce qu'on souhaite, c'est enclencher rapidement des négociations ». Mais pas sur n'importe quelle base. « Si Ottawa veut faire la démonstration que le fédéralisme canadien n'est pas dominateur, prédateur, pilleur et uniformisateur, il va falloir qu'il reconnaisse la situation particulière du Québec en matière d'aide financière aux étudiants. » (Cf. Jean-Marc Salvet, « Les lendemains du budget. La couleur du chèque. Négociations longues et ardues avec Québec », in Le Soleil, 26 février 1998. )

Voir :

  • Le discours du budget Paul Martin (1998) — (Les bourses d'études canadiennes du millénaire seront accordées à plus de 100 000 étudiants par année, à temps plein ou à temps partiel, pendant 10 ans; ces bourses seront financées grâce à une dotation initiale de 2,5 milliards de dollars, soit la somme la plus élevée jamais versée par le gouvernement fédéral pour appuyer l'accès des Canadiens aux études postsecondaires.)
  • La réponse du Gouvernement Québécois — (Malgré l'opposition unanime de l'Assemblée nationale et de la société québécoise, Ottawa impose au Québec la Fondation des bourses d'études du millénaire.)

« Le Rond-Point des sciences humaines » explique

Les chicanes entre les politiciens et politiciennes dans l'arène politique canadienne postconfédérative ne sont pas nouvelles. Elles remontent à la naissance de la confédération et même avant. En ce qui concerne la constitution de 1867, il faut reconnaître qu'il s'agit d'une union centralisée en dépit de certaines concessions locales accordées aux provinces. Bien que le fédéralisme canadien puisse être dominateur, prédateur, pilleur ou uniformisateur, en fait, il est — dans son essence même — CENTRALISATEUR. Les auteurs du Rapport Massey l'avaient bien compris, en 1949-1951, lorsqu'ils proposèrent sans réticence un programme de « bourses nationales » de recherches universitaires. Par conséquent, les politiques « centralisatrices » du gouvernement canadien ne sont pas exclusivement le résultat de l'évolution historique postconfédérative mais, plutôt, l'effet de la constitution elle-même du Canada de 1867. Avant tout, il y a la constitution. C'est ce que les Québécoises et les Québécois doivent bien comprendre aujourd'hui.

Lecture de Maurice Séguin

De manière à éclairer l'opinion publique, nous donnons ci-dessous l'analyse de l'historien Maurice Séguin de l'Union fédérale de 1867.

Voir la Leçon XVI : « Le Canada, le Québec et l'Empire 1867-1960 », p. 395-397, dans Maurice Séguin, Histoire de deux nationalismes au Canada, Montréal, Guérin, 1997, xxvii + 452 p. (coll. « Bibliothèque d'histoire » sous la direction d'André Lefebvre). Texte établi, présenté et annoté par Bruno Deshaies, Préface de Bruno Deshaies. N.B. La disposition énumérative du texte est de nous.

« Les gueux chez le père Noël »
(Éditorial de Gérard Filion, 1949)

Les tensions entre le fédéral et les provinces constituent une vieille histoire. Elles font partie du contentieux dans les relations fédérales-provinciales qui ne date pas de l'après-deuxième guerre mondiale mais, en fait, il est contenu dans la constitution canadienne elle-même. Il dépasse les hommes ou les femmes en place, d'hier ou d'aujourd'hui. Ce sont, entre autres, les articles 91 et 92 de l'Acte de l'Amérique du nord britannique de 1867. L'éditorial de Gérard Filion nous le rappelle une autre fois. Il date de 1949, à l'époque de la Commission royale d'enquête, sur les arts, les lettres..., ou autrement nommée, la Commission Massey. Pouvons-nous tirer une leçon de cette saga fédérale-provinciale qui remonte à 1867 et à 1840, puis, finalement, à 1760, c'est-à-dire, à la conquête-cession ? Il semble que le Québec d'aujourd'hui aurait bien autre chose à faire que des déclarations à l'emporte-pièce sur le dos du « gros méchant » gouvernement fédéral. À la place, il devrait de toute urgence s'assigner la tâche colossale d'expliquer aux Québécoises et Québécois la vraie nature de leur histoire nationale ainsi que des motifs qui justifient la libération politique du Québec comme État indépendant. Le Québec ne peut plus vivre à l'heure du romantisme politique, car la realpolitik canadienne ne fera pas de quartiers !

Bruno Deshaies,
Le Rond-Point des sciences humaines

Québec, 10 avril 1999

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