Rond-Point Histoire Histoire du Québec (1760 à nos jours) / Évolution historique du « deuxième » Canada Chaire de civilisation canadienne-française (1953-1956)


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Évolution économique, sociale et politique du canada-français (1760 à nos jours)

4e cours

En 1767, la recrudescence de l'agitation américaine provoquée par les impôts de Townshend, impressionne au plus au point le nouveau gouverneur Carleton. Celui-ci médite un tout autre plan qui va bien au-delà de la révision déjà en cours.

Carleton rejette le principe colonisateur de la constitution et veut lui substituer une constitution bâtie sur des considérations avant tout d'ordre militaire. Non plus une 15e Colonie anglaise avec tolérance pour les Canadiens, mais une réserve française, pièce d'un ensemble destiné à maintenir les « Treize Colonies » dans l'obéissance.

Une lutte s'en suit entre partisans de la colonisation anglaise capable d'apprécier les richesses de la vallée du Saint-Laurent et Carleton. Le gouverneur l'emporte et impose ses vues à Lord North, à partir de 1770. Une nouvelle constitution est mise à l'étude avant même le « Boston tea Party ». La crise aiguë en Amérique hâte le règlement du cas québécois, et l'Acte de Québec dont les origines sont intimement liés à l'agitation américaine de 1767, est voté en 1774, en compagnie de mesures de répressions contre la révolte américaine.

Même si l'Acte de Québec n'apporte pas tous les avantages escomptés, tant que dure la guerre de l'Indépendance américaine, Carleton et son successeur Haldimand s'en tiennent à l'esprit de l'Acte de Québec renforçant même son caractère.

Les Canadiens approuvent à fond cette politique, sous la direction de ses deux gouverneurs anglais et surtout du conseiller Matane, ils en viennent à considérer comme définitive une politique que des autorités anglaises qui feraient de la vallée du Saint-Laurent une réserve pour Canadiens.

Mais les marchands britanniques remplis de vision colonisatrice et sûrs de leur force comme artisans de la prospérité de cette vallée, jamais n'accepteront une telle aberration de militaires.

En 1763, on avait temporairement oublié qu'il y avait des Canadiens. En 1774, on a voulu ignorer qu'il commençait à y avoir des Canadians.

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