Rond-PointAccueilHistoireL'affrontement Lesage-Johnson (1962)


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LESAGE – l'administration libérale

Dans le domaine de l'administration de la province, la première chose que nous avons faite lorsque nous avons pris les rênes du pouvoir, au mois de juillet '60, ça a été d'établir un contrôle sévère sur les dépenses publiques. Et nous avons créé le Conseil de la trésorerie que je préside moi-même, comme ministre des finances.

L'Union nationale propose, pour contrôler les dépenses, les contrats, les achats, un Comité formé de représentants du parti libéral en Chambre et de représentants de l'Union nationale. Je dois dire tout de suite que ceci est absolument contraire à notre système de démocratie constitutionnelle, puisque c'est le gouvernement qui a la responsabilité, devant les Chambres et devant le peuple, de l'administration de la chose publique, et surtout des dépenses publiques. Le Comité des comptes publics est là pour la surveillance, l'Union nationale ne l'a pas fait siéger pendant des années ; mais j'ai dit en Chambre, déjà à une question, à plusieurs questions du chef de l'opposition, qu'il siégera à la prochaine session et qu'il le regretterait.

Et il me semble que la suggestion de la formation de ce Comité, par l'Union nationale, provient du fait que pendant deux ans l'Union nationale s'est ennuyée de tripoter des contrats et des achats, et qu'elle voudrait trouver un moyen - elle est tellement sûre de retourner dans l'opposition après le 14 novembre - trouver un moyen de remettre le nez dans cette affaire-là, pour voir s'il n'y aurait pas moyen de continuer à protéger les amis.

Quant à nous, eh! bien nous avons exigé une soumission publique pour tous les contrats de voirie au-dessus de 50,000 dollars et tous les contrats de travaux publics au-dessus de 25,000 dollars, pour éviter le patronage.

Et dans le programme de l'Union nationale, celui de l'Hôtel Belle-Plage à Matane, on peut parler si on veut de bon et de mauvais patronage, mais il est curieux de lire cette phrase le patro... (et ça vient de l'union nationale) " le patronage, dans le mauvais sens du mot, sera aboli ". Qu'est-ce que c'est que le patronage dans le mauvais sens du mot ? Je voudrais bien le savoir. C'est le patronage qui ne va pas seulement, je suppose, aux partisans de l'Union nationale.

Nous avons proposé justement une enquête générale sur la taxation de la province et elle sera tenue sur la taxation dans la province aux niveaux provincial, municipal et scolaire, pour trouver les moyens que chaque juridiction puisse remplir ses obligations de façon satisfaisante.

Nous avons réformé le fonctionnarisme. Les fonctionnaires se sentent maintenant libres, ils sont des employés libres d'un gouvernement, du gouvernement du Québec, alors qu'autrefois ils étaient pratiquement les esclaves du parti politique de l'Union nationale.

Oui, nous avons établi un système d'emprunt et je m'en vante. La grande erreur de l'Union nationale, durant 16 ans, ça été justement de ne pas avoir investi dans l'avenir de la province. Et c'est pour cela que nous avons été dépassés par plusieurs provinces, dont l'Ontario. Pendant que les autres provinces avaient compris depuis longtemps que dans les temps modernes il y a lieu d'emprunter pour investir dans les dépenses capitales, l'Union nationale continuait de s'en tenir à ce vieux principe désuet qu'il fallait essayer, à chaque année, de combler les dépenses ordinaires et capitales à même les revenus courants. Eh! bien, cette façon de penser financièrement elle est dépassée. Elle a été dépassée depuis longtemps dans les autres provinces et c'est pour cela que, dans les autres provinces, comme dans l'Ontario en particulier, chaque année, on a eu des surplus aux comptes ordinaires, comme nous nous en avons eus de petits ; mais on a eu des déficits aux comptes des dépenses capitales afin de pouvoir investir dans les communications, dans la voirie. Voyez par exemple la route Trans-Canada, les autoroutes; et les progrès que nous avons faits depuis deux ans dans l'éducation, l'investissement pour les Commissions scolaires, pour les universités, à tous les niveaux de l'éducation ; nous avons investi parce que nous savons que dans l'avenir, si aujourd'hui nous avons plus d'enfants, qu'ils seront préparés à mieux gagner leur vie et que la population active de la province de Québec va augmenter à un rythme tel qu'il n'y a aucun risque à miser sur l'avenir.

Vous savez, aujourd'hui, on ne pense plus comme autrefois. Quand on bâtit une église, on n'essaye pas de la payer tout de suite ou le plus vite possible ; les paiements sont échelonnés, parce qu'elle durera et elle servira des générations. Si un homme à soixante mille dollars qu'il veut placer dans l'immeuble pour faire profiter son argent, acheter une maison à appartements, il n'achètera pas une maison à appartements de soixante mille piastres, il va acheter trois maisons à appartements de soixante mille piastre. Il va payer vingt mille piastres sur chacune, emprunter 40,000 piastres sur chacune et il va faire trois fois plus de profit. Parce que, il faut bien y songer, c'est avec de l'argent qu'on fait de l'argent.

On a parlé de gratuité scolaire, de notre œuvre dans le domaine scolaire. Les dettes des Commissions scolaires, j'ai dit que les déficits des commissions scolaires, si on les consolidait, elles seraient payées par le gouvernement sur une période à long terme. Mais en attendant, il ne faut pas oublier que le gouvernement lui-même, cette année seulement dépense au-delà de 300 millions de dollars pour l'éducation des nôtres. Nous sommes fiers de notre programme d'éducation. C'est ça qui va préparer notre avenir, qui va nous aider à progresser dans le domaine économique. L'égalité... et aussi nous avons mis en œuvre le principe de l'égalité devant la loi. Tout le monde est égal dans le domaine de l'assurance-hospitalisation, dans le domaine de l'éducation, tout le monde est égal devant la loi. Le système de l'arbitraire et du privilège est enfin disparu et c'est tous les citoyens du Québec qui se sentent libres de vivre une vie d'hommes libres.

Charette : Merci, M. Lesage. Dernière période de questions de la part des journalistes, la parole est d'abord à M. Langlois.


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