Rond-PointAccueilHistoireL'affrontement Lesage-Johnson (1962)


| Sommaire | Page suivante |

LESAGE – dernier appel

Je crains bien que Monsieur le chef de l'opposition ne soit obligé de continuer d'être déférent pour le premier ministre d'aujourd'hui et le premier ministre de demain. Mon seul regret, c'est qu'il devra faire opérer sa déférence de dehors de la Chambre, parce qu'on m'assure qu'il est battu dans Bagot.

(M. Johnson prononce des paroles inaudibles pour les téléspectateurs, ses micros étant fermés.)

« C'est maintenant ou jamais que nous serons maître chez nous » (Lesage)

Jean Lesage poursuit : vous savez, mes chers auditeurs, vous avez le choix entre deux philosophies de gouvernement, entre deux équipes. Vous avez le choix entre une équipe compétente, courageuse qui en deux ans, a fourni le plus vaste effort jamais donné par un gouvernement au Québec. Ou encore, vous avez le choix d'un groupe d'hommes dont l'expérience, hélas, se limite au fait d'avoir été les valets d'un maître.

Vous avez le choix entre le principe de l'égalité de tous devant la loi ou le système de l'arbitraire et du favoritisme électoral, à l'avantage de quelques-uns. Arbitraire et favoritisme dont nous avons souffert pendant 16 ans. Ou vous avez le choix entre la fierté des Québécois, ou le retour à la honte d'avant 1960.

Vous avez le choix entre la liberté et le retour aux chaînes d'une machine infernale qui est disparue et qu'il ne faut pas faire renaître, et aussi entre la liberté et les matraques de la vieille police provinciale, l'ancienne.

L'Union nationale, elle, est hantée par son passé. Elle veut absolument y retourner. Elle ne peut concevoir les méthodes modernes et progressives de gouvernement. Elle veut, entre autres, je l'ai dit, revenir au système financier qui nous a immobilisés en arrière des autres provinces. En 1960, nous le savons tous, il y a eu le grand déblocage. Depuis deux ans nous avons commencé à reprendre le temps perdu. Et ces deux ans ne sont qu'un début. Dans tous les domaines, il faut continuer de progresser.

Dans le domaine de l'éducation, nous n'avons pas le droit d'arrêter. Il faut continuer à mettre notre programme de gratuité scolaire à tous les niveaux, il faut continuer pour que nous le mettions totalement en œuvre. Et nous allons le faire, nous l'avons jusqu'à la onzième année inclusivement. La gratuité des manuels scolaires nous l'avons ; l'allocation de deux cent dollars par année dont le gouvernement paie cent cinquante aux Commissions scolaires pour la scolarité aux niveau secondaire, allocation familiale provinciale de dix dollars par mois pour les enfants de seize à dix huit ans. Cinquante-cinq mille bourses d'études. Programme de cinquante-cinq millions de dollars répartis en trois ans pour les écoles... la construction d'écoles techniques, pour la formation des fils de nos ouvriers. Deux cent quarante-sept millions de dollars de subventions statutaires aux Commissions scolaires, cent deux millions pour les subventions de construction et le grand programme de cent soixante et quinze millions de dollars pour les investissements immobiliers des universités et des collèges classiques.

Vous savez nous avons fait le tour. Nous sommes à mettre en œuvre notre programme de '60. Il manquait quelque chose, nous l'avons réalisé. Nous n'avions pas le droit de ne pas vous le dire. Il fallait venir devant vous et vous dire : à notre programme de '60, il est essentiel que nous ajoutions la nationalisation de l'électricité. C'est un facteur vital de notre progrès économique et de notre expansion industrielle. Quel intérêt avais-je de lancer des élections ? M'attaquer aux grandes compagnies d'électricité ? Non. Ce ne pouvait être que l'intérêt de ma province et l'intérêt du peuple du Québec.

Vous connaissez ma sincérité et je vous dis, moi : " Il faut rendre au peuple du Québec ce qui appartient au peuple du Québec ; son plus riche patrimoine, celui de l'électricité. Et ça presse, demain il sera trop tard. C'est maintenant ou jamais que nous serons maître chez nous.

Charette : Merci, M. Lesage. À vous, M. Johnson, s'il vous plaît.


Page d'accueil    Commentaires  Haut  Page suivante