Rond-Point Histoire Histoire du Québec (1760 à nos jours) Présent et avenir La commission Bélanger-Campeau sur l'avenir politique et constitutionnel du Québec


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Indépendance et interdépendance

Dans le cadre de l'avenir constitutionnel du Québec actuel, il est plus important d'aborder la question en fonction des concepts d'INDÉPENDANCE et d'INTERDÉPENDANCE des peuples ou des sociétés distinctes que de vouloir évacuer ces concepts de leur substance véritable. Les études en relations inter-nationales et le développement de la science politique ont suffisamment démontré l'urgence de concevoir les rapports interétatiques dans des perspectives plus globales de relations "internationales" où chacune des parties se rend responsable des arrangements communs consentis entre des États reconnus. Ces arrangements peuvent créer finalement un espace géopolitique commun, mais ils n'invalident pas pour autant la reconnaissance d'États indépendants en tant que tels. Comme on sait, l'homogénéité politique ne garantit pas d'une façon certaine et durable l'harmonie entre des peuples ou des sociétés distinctes. [3] Quoi de plus évident dans l'histoire des relations fédérales- provinciales du régime fédéral canadien depuis la Confédération! Rappelons-nous que le compagnonnage trop étroit du pot de fer et du pot de terre n'a jamais été à l'avantage du pot de terre.

Au fond, le "nouveau débat" sur l'avenir constitutionnel du Québec (et partant du Canada) ne pourrait-il pas, pour le bénéfice des Québécois, se limiter à établir les bases de quelques mécanismes juridiques de coopération et de négociation entre les sociétés fondatrices qui acceptent d'entretenir des relations bilatérales privilégiées? Pourquoi faudrait-il aujourd'hui, après plus de cent vingt ans de fédéralisme canadien, ignorer les lacunes inhérentes à tout système fédéral? L'évolution du fonctionnement des institutions politiques canadiennes n'est-elle pas suffisamment probante de ces lacunes? Dans cette lignée, l'échec du lac Meech en marque le sommet. Pourquoi faudrait-il, après une telle déconvenue (et à la suite d'une invraisemblable désinvolture canadian) refuser à une société distincte, comme la société québécoise, ou encore, se refuser à nous-mêmes, la liberté d'entretenir des relations "inter-nationales" en limitant les domaines des relations interétatiques? Pourquoi le Québec, foyer d'un État francophone par excellence en Amérique du Nord, se contenterait-il de sauvegarder seulement quelques traits culturels? Une société vraiment distincte, c'est bien plus que cela!

  1. Voir Hélène Carrère D'Encausse, L'empire éclaté. La révolte des nations en U.R.S.S,. Paris, Flammarion, 1980, 384 p., (coll. Livre de poche no 5433).

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