Rond-Point Histoire Débat sur l'historiographie Michel Brunet contre Lionel Groulx


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Des études comparatives à faire...

Nous suggérons, ici, un beau sujet de thèse de doctorat à n'importe quel étudiant ou étudiante qui aimerait saisir les différences et les ressemblances entre certains raisonnements de Brunet et de Groulx. La recherche pourrait porter sur la symbolique de cette jaquette du livre de Brunet dans les rapports entre Canadiens-Français et Canadiens-Anglais. À cet égard, Le Rond-Point des sciences humaines (info@rond-point.qc.ca) est disposé a aidé tout étudiant ou étudiante qui aimerait entreprendre une telle enquête historique (et nous ne donnons pas au mot « historique » un sens nécessairement historiographique).

Nous suggérons la lecture des chapitres 2 et 3 de Méthodologie de la recherche en sciences humaines pour celui et celle qui aimerait entreprendre une telle recherche. Au fait, il s'agit de découvrir des « logiques » de pensée caractéristiques de deux individus, différents et distincts. L'analyse pourrait se faire à la fois au plan des idées et de leurs configurations logiques par rapport au réel historique. Cette tâche, bien que difficile, s'attaque aux modes de raisonnement des individus et non seulement à leurs interprétations des faits. Les limites de l'historiographie nous condamnent trop souvent à considérer le travail de l'historien comme un travail d'interprétation de documents ou d'artefacts, or le raisonnement de l'historien est à la base de la construction de son interprétation des faits. Nous savons que Groulx, autant que Brunet, a défendu l'autonomie provinciale. Alors, sur quoi ces deux hommes sont-ils différents comme historiens ? Pourquoi le discours de Brunet ne peut-il pas se confondre avec celui de Groulx ? C'est quoi « cette chose » qui les sépare ? les distingue ? les divise finalement ? La question est posée ? Il nous faut des combattants pour chercher des réponses !

À consulter

MICHEL BRUNET, « La science politique au service de l'union canadienne », in L'Action nationale, 44 (décembre 1954), 4 : 272-292. Conférence prononcée au congrès régional de l'A.J.C., à Québec, le 7 novembre 1954.
  • L'article est accompagnée de « Quelques citations et opinions » (voir p. 288-292 sur la double taxation [c'est-à-dire, l'impôt provincial adoptée par Maurice Duplessis en 1954]).
  • « Le maintien et la consolidation de nos institutions fédératives, écrit Michel Brunet, voilà les seules mesures qui peuvent rassurer les Canadiens français du Québec et diminuer leur sentiment séculaire d'insécurité. Il faut ignorer les éléments de la science politique pour oser soutenir le contraire. (p. 283-284) »

 

BRUNO DESHAIES, « De Groulx à l'École de Montréal : une impasse », in Bulletin d'histoire politique du Québec, 7 (automne 1998), 1 : 119-126.

CHRISTOPHER DUNKIN, « Discours du budget », le 14 février 1868, in ASSEMBLÉE NATIONALE DU QUÉBEC, Débats de l'Assemblée législative, 1re Législature (1867-1870), Québec, Journal des Débats, 1974, p. 146-162. Texte établi par Marcel Hamelin.
  • La critique formulée au sujet de la position de Christopher Dunkin concernant l'autonomie provinciale et les avantages du fédéralisme vaut autant pour Michel Brunet que pour le chanoine Lionel Groulx.

 

MARCEL MASSE, « Présentation », in Le Québec à la minute de vérité de Michel Brunet, Montréal, Guérin, 1995, p. vii - xi (coll. « Bibliothèque d'histoire » sous la direction d'André Lefebvre).
  • Ex-ministre dans les cabinets de Daniel Johnson, Jean-Jacques Bertrand et Brian Mulroney et président du Conseil de la langue française.
  • Ayant vécu, de l'intérieur, l'échec de Meech dans le gouvernement Mulroney, l'ex-ministre se rappelle la conférence de Brunet, en 1953, qui décrit ce cul-de-sac :

    « Les Canadiens français ont tout intérêt à prendre une vue réaliste de la situation. Ils doivent d'abord se rendre compte que le gouvernement d'Ottawa est devenu et demeurera le gouvernement national du Canada anglais. Une Nation-État Canadian ou British American s'est créée depuis 1760, particulièrement depuis 1867. La minorité canadienne-française n'a pu empêcher cette évolution normale. Elle est complètement incapable de l'arrêter. [Cité dans Brunet, 1995, p. X] »

En guise de conclusion, Marcel MASSE ajoute : « Nous avons mis quarante ans à digérer ce constat. » (En gras par nous.)


Note:

Un article intéressant de Guy Frégault, en 1943, pourrait encore captiver les historiens d'aujourd'hui. Voir « Petit discours de la méthode », in Bulletin des sociétés historiques canadiennes françaises, Québec, Les Éditions de Culture, 1943, p. 6-9.


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