Rond-Point Histoire Un historien du Québec Maurice Séguin, la société québécoise et l'avenir du Québec


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La « défaite fondamentale »

[TRANSPARENT no. 3] Sur « la nation indépendante et les relations de juxtaposition », Séguin aborde la question de la « défaite fondamentale », qu'il oppose à la défaite qui ne résulte que d'un « accrochage superficiel », "la défaite d'une nation" se rapportant à un échec partiel et temporaire comme, par exemple, l'occupation allemande en France durant la deuxième Guerre Mondiale. Par contre, il soutient l'idée suivante : « Le terme "défaite" prend tout son sens quand la nation vaincue ne peut plus, dans son ensemble ou dans sa majeure partie, retrouver la maîtrise de sa vie [collective]. » Mais il ajoute aussitôt, entre parenthèses, pour bien montrer son doute et les possibles revirements historiques : « [Est-ce] pour toujours ? (cf. Les Normes, 3,5,16) » Il n'est absolument pas certain. Dans les tout derniers paragraphes de sa thèse de doctorat, il conclut :

L'envahisseur avait caressé deux grandes solutions : empêcher les Canadiens d'être une nation totalement distincte, c'est-à-dire une enclave préjudiciable à la prospérité de l'Amérique du Nord britannique et coloniser d'immigrants anglophones le Bas-Canada. Seul le premier de ces deux objectifs a été atteint : le Québec restait dans l'Empire.

Mais la population du Québec ne sera pas britannique. Et qui sait si la défaite du conquérant sur ce second point ne remettra pas en question sa victoire partielle ?

Puis il termine avec cette phrase finale :

Les Canadiens peuvent se réserver l'espérance. [3]


  1. La Nation "canadienne" et l'agriculture (1760-1850). Essai d'histoire économique, Trois-Rivières, Boréal Express, 1970, p. 264.

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