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« L'affrontement Lesage-Johnson »

1962Premier débat télévisé au Québec et au Canada entre deux chefs de partis politiques le 11 novembre 1962 en prévision de l'élection québécoise du 14 novembre portant principalement sur la nationalisation de l'électricité

Dimanche, 11 novembre 1962, émission spéciale de la Société Radio-Canada

Sommaire :

 

 

Journalistes invités par Radio-Canada :
Le Devoir: Paul Sauriol
La Presse: Gérard Pelletier
The Gazette: Bill Bantey
Magazine MacLean: Jean V. Dufresne
Montréal-Matin: Lucien Langlois et Clément Brown

40 ans plus tard...

Le débat télévisé Lesage-Johnson offre une occasion de mieux comprendre la dynamique de la société québécoise du début des années 1960. " Dans la perspective du rôle de l'État démocratique, écrivions-nous dans notre chronique du 14 février 2002, cet événement politique a beaucoup d'importance. D'abord, par rapport à la crise au sein de la société québécoise elle-même entre les forces conservatrices de toutes sortes et les forces de changement. Ensuite, par les efforts de réalignement du programme de l'Union nationale souhaités par Daniel Johnson et le caractère progressiste des lignes de force du Parti libéral du Québec. Mais surtout, parce que les deux grandes formations politiques ont évité une fracture majeure au sein de la classe politique québécoise. Cela dit, il ne faudrait pas s'imaginer un Québec idyllique. La résolution des conflits sociaux, surtout ceux liés à la syndicalisation et aux conditions décentes de vie, soulevait des problèmes. La masse des salariés ne jouissait pas d'un salaire élevé. Comme on dit, le Québec avait du pain sur la planche. Le débat télévisé de 1962 s'inscrivait dans cette mouvance. "

En fait, le Québec continue à pédaler dans le fédéralisme, à pratiquer la politique des hommes de la Révolution tranquille dans le cercle vicieux du cadre fédéral canadien.

Près de quarante ans plus tard, ce débat demeure d'actualité. Il fait partie de la Révolution tranquille. Il nous éclaire sur les limites des possibilités du Québec à vouloir assumer le plus complètement possible son avenir. En fait, le Québec continue à pédaler dans le fédéralisme, à pratiquer la politique des hommes de la Révolution tranquille dans le cercle vicieux du cadre fédéral canadien. Les hommes politiques du Québec qui sont à Ottawa ou à Québec demeurent prisonniers de la constitution canadienne de 1867. Les clins d'œil aux indépendantistes ou aux nationalistes Québécois-Français ne dépassent jamais les revendications des groupes minoritaires. Le Parti québécois continue à s'enliser dans cette ornière malgré tous les faits qui contredisent sa pensée politique souverainiste insuffisamment indépendantiste.

...la leçon de 1962 devrait nous apprendre que nous n'avons pas encore conquis notre indépendance économique et que la question de l'indépendance politique du Québec est encore loin d'une réponse claire.

La pensée politique nationaliste au Québec reste tributaire du courant annexionniste canadien-français. Elle ne parvient pas à apprécier la désannexion du Québec du reste du Canada-Anglais. Elle pense la souveraineté dans le cadre du fédéralisme. Dans cette perspective, on peut soutenir que les débats et les combats de la Révolution tranquille ne sont pas terminés. Pourtant, la leçon de 1962 devrait nous apprendre que nous n'avons pas encore conquis notre indépendance économique et que la question de l'indépendance politique du Québec est encore loin d'une réponse claire.

L'histoire de demain risque de beaucoup dépendre de nos hésitations d'aujourd'hui. Choisir l'indépendance, c'est choisir beaucoup plus que tout ce qu'a pu promettre la Révolution tranquille. Choisir l'indépendance, c'est choisir l'unité québécoise avec la capacité d'agir par soi collectivement à l'interne et à l'externe. Au sens fort du terme, c'est l'indépendance politique d'abord.

Bruno Deshaies
Ste-Foy, 22 mars 2002



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